Joy
La pire journée de ma vie !
Jamais je n’aurais pensé qu’un dessin comme ça allait susciter des commentaires
si haineux. Je suis tombée de haut, dans un purin de moquerie à deux balles
et de méchanceté gratuite.
Donc, déjà, je partais au lycée la tête polluée. J'ai supprimé les commentaires
mais j’ai laissé le dessin en ligne, je ne vais pas leur offrir le moindre pouvoir de censure.
Et, dès ce matin, le sourire narquois et fier de l’abominable Sasha... Les chuchotements, les regards de travers. Certaines amies de la classe ont soudainement changé d’attitude. J’ai même eu l’impression qu’Alice m’évitait à la pause et à la fin des cours
mais elle terminait plus tard que moi alors je ne suis pas sûre, je n’avais pas le cœur
de l’attendre. Sans compter que le prof de maths s’est moqué de mon mauvais « raisonnement », je ne savais plus de quoi il parlait vraiment... Du problème ou de moi,
en tant que « problème ».
Il ne me restait plus qu’un long week-end de quatre jours pour y penser et repenser...
Mais Gabriel est venu me remonter le moral cet après-midi, on a bien rigolé.
Et il va organiser un urbex demain avec tout le monde pour se réconcilier, c’est adorable. Il a entendu parler d'un hôpital psychiatrique abandonné. Ça doit être quelque chose...
Par contre, il m'a appris que Sasha faisait partie des "potes de skate" avec lesquels Mathys déjeunait aujourd'hui.
Ce soir, je me sens seule et triste, j’aimerais tant que demain, les choses soient plus faciles.
Je vais essayer de contacter Mathys et de rester calme.
Après tout, on est censés être toujours ensemble.
Pour me détendre, j'ai aussi écrit ça, aujourd'hui :
J’aperçus au loin une silhouette,
Je la vis s’approcher et, peu à peu,
Je découvris son doux visage.
Il était si lumineux et joyeux que très vite je compris
Que cette merveilleuse créature cachait sa peine
Et son petit cœur brisé derrière une assurance et un sourire trompeur.
J’ai pu lire dans ses yeux une si grande peine dévorée par la haine,
Son âme était anéantie.
Et malgré tout cela, en une fraction de seconde,
Elle a réussi à me redonner goût à la vie et, pour la première fois
Depuis si longtemps, on entendit mon rire.
Son sourire faisait le mien, c’était mon soleil,
Celui qui illuminait les jours de pluie qui me dominaient
Avant son arrivée.
Je pensais que l’on traverserait l’enfer à deux,
Mais à l’instant même où l’on y mit les pieds,
J'eus juste le temps de la voir une dernière fois
Puis, en un soupir, elle disparut,
Me laissant seule, là au beau milieu de l’orage,
Me laissant subir une tempête de sentiments.
Et à ce moment-là, je redevins silencieuse,
Une première larme coula, laissant ensuite
Une averse inonder mon cœur.