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Joe

Je me sens minable. Croire qu’Alice pouvait vouloir de moi… Je suis stupide.

Ce qui me fait le plus de peine, c’est l’image qui revient en boucle dans ma tête :

son visage lorsque je lui ai annoncé que Joe et Joy étaient une seule et même personne. Elle m’a dévisagée, détaillée de haut en bas et de bas en haut,

puis son regard s’est plongé dans le mien.

Je pouvais lire dans ses yeux « J’ai tellement pitié de toi... » Et elle avait raison,

je faisais pitié. Dans un élan de courage, je lui ai dévoilé mes sentiments.

Elle me fixait sans rien dire et moi, je continuais sur ma lancée, mes aveux,

un amas de mots désordonnés…

Il y a eu un long silence. Puis elle a exprimé son malaise et je suis restée sans voix.

Elle aurait préféré être en face de Joy.

Ses paroles ont laissé place à un second silence, encore plus long.

Alors, dans un terrible moment de gêne, on a décidé de regarder un film

(en prenant soin d’éviter les comédies romantiques).

​

Et ce soir, de pire en pire… Mathys a glissé cette lettre sous ma porte !

​

T’es différente en fait. Et c’est pas des paroles en l’air. T’as ce regard qui emprisonne

et qui dit que t’as besoin d’aide, que t’es complètement à côté de la plaque,

que tu ne trouves pas le sens de ta vie.

T’es pas normale, mais alors vraiment pas normale. J’aime pas le terme "normale".

Entre nous, c’est quoi une personne "normale" ? Enfin, bon, t’es différente,

t’es exceptionnelle, c’est tout. T’as beau faire la dure, la meuf sûre d’elle,

au fond t’as un cœur d’or. Quand on te connaît, t’es pas non plus crédible dans le rôle de la mauvaise fille... T’es sensible, faible, perdue, ça se voit que tu ne vas pas bien. Qu’à n’importe quel moment, tu peux flancher. T’es un vrai mystère comme fille,

j’te jure. T’es tout un univers. Tu débarques, tu laisses des petits morceaux de toi

puis tu t’en vas. T’es tellement de choses à la fois… T’es mon volcan d’émotions.

Et j’ai essayé, je te promets que j’ai essayé de me dire que tu n’en valais pas la peine,

que les filles qui jouaient un rôle, c’était pitoyable. Mais non, j’y arrive pas,

t’es toujours là, quelque part en moi. En fait, même amnésique, je ne t’oublierais pas. T’es tellement attachante.

S’il te plaît, dis moi que je suis le gars dont tu parles quand tu as trop bu ou trop fumé, que je suis celui à qui tu penses quand tombent tes barrières. Que je suis ancré en toi,

dis-moi que dans ta tête, c’est encore moi et personne d’autre…

Tu seras jamais obligée de me raconter toute ta vie, de rentrer dans les détails,

de me parler de ta famille, de tes amis, de tes souffrances… Non, t’es pas obligée.

Tu peux t’accrocher à moi, pas me lâcher et me serrer fort. Tu peux pleurer tu sais,

je ne te jugerai jamais. Alors, pourquoi partir quand c’est douloureux ?

Je suis là s’il faut encaisser pour toi.

Mathys

​

Comment lui dire ? Je ne veux pas lui faire de mal mais c’est peine perdue…

Je ne ressens plus rien pour lui.

 

En plus Gabriel m’a confirmé l’embarras d’Alice qui s’est confiée à lui…

C’est un cauchemar, je suis en train de perdre pied.

Au secours !

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